Journée d'étude "Destruction du patrimoine et urbicide à Gaza"

Journée d'étude "Destruction du patrimoine et urbicide à Gaza"

Journée d’étude dans le cadre des travaux de l’axe de recherche « Études sur la Palestine », conçue par Leila Seurat, CAREP Paris.


Date : jeudi 12 septembre 2024

Horaire : de 10h30 à 18h30
Langues : français (3 interventions en anglais)
En présentiel : CAREP Paris : 12, rue Raymond Aron 75013 Paris
À distance : en s’inscrivant sur zoom via le bouton « s’inscrire à la visioconférence »

Pour plus d'informations : https://www.carep-paris.org/prochain-evenement/destruction-du-patrimoine-et-urbicide-a-gaza/


Argumentaire


Conçue comme un passage vers l’Égypte il y a 3 000 ans avant J.-C., Gaza est souvent considérée comme un carrefour des civilisations. Cette bande de terre longue de 40 km possède en effet un héritage archéologique et historique unique : Gaza abrite les vestiges de l’une des plus anciennes villes du Proche-Orient, une capitale cananéenne de l’époque hyksos (vers 1 600 av. J.-C.), un centre de la pentapole philistine, une garnison égyptienne ramesside avec son cimetière de mercenaires (1 200 av. J.-C.), un port phénicien, l’un des plus grands monastères byzantins de la région Umm el-‘Amr-Nuseirat (monastère d’Hilarion), ainsi qu’une vieille ville mamelouke et ottomane (XIIIe-XIXe siècles).

Si plusieurs facteurs, notamment liés aux turpitudes de la politique palestinienne, ont pu peser sur la préservation de ce patrimoine extraordinaire, les agressions militaires israéliennes répétées contre Gaza depuis 2008-2009 ont causé des dommages parfois irréversibles. Après le 7 octobre, les bombardements délibérés contre le patrimoine ont de nouveau posé avec acuité la question du génocide culturel, que l’Afrique du Sud a inclus dans son dossier auprès de la Cour internationale de Justice. À partir d’images satellitaires, l’UNESCO a recensé des destructions sur une centaine de sites, dont le palais al-Bacha, le musée sur l’ancienne cité grecque d’Anthedon, la mosquée al-Omari et l’église de Jabaliya el-Mukheitim, qui, avec le monastère de Saint Hilarion, représentent les principaux vestiges de la bande de Gaza datant de l’époque byzantine. Des vidéos montrant des soldats dans l’entrepôt de l’École biblique et archéologique française (Ebaf) ont également confirmé des pratiques de pillage en cours depuis des décennies, nombre d’objets venus des Territoires Palestiniens Occupés ayant depuis longtemps été localisés dans plusieurs musées en Israël.

À l’instar des hôpitaux et des écoles, Israël mobilise l’argument de terrorisme pour justifier ses attaques contre ces sites, présentés comme des caches d’armes du Hamas. Ces destructions et pillages s’inscrivent pourtant bien dans des pratiques d’effacement des Palestiniens et de leur histoire, en cours depuis 1948. On sait en effet à quel point l’élimination physique des Palestiniens s’est accompagnée d’une dépossession matérielle et d’un remodelage du paysage afin d’éliminer tout ce qui, dans l’espace, exprimait la relation palestinienne à la terre. Le patrimoine et la culture sont donc loin d’être déconnectés de la vie sociale du groupe ; ils sont, pour reprendre les mots de René Elter, « des éléments forts de la structuration des individus et de leur épanouissement ; des lieux d’appropriation, d’histoire, de culture, de tolérance et de transmission ». Ces tables rondes se proposent donc, grâce aux travaux et témoignages des plus éminents chercheurs et spécialistes du patrimoine de Gaza, de rappeler la richesse et la diversité de cet héritage culturel, en soulignant l’importance de préserver 5 000 ans d’histoire et de mémoire.